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Nucléaire : pour s’affranchir de la Russie, la Bulgarie choisit l’américain Westinghouse pour construire deux réacteurs

Après la Pologne, la Bulgarie. Ce mercredi, le gouvernement bulgare a approuvé la construction de deux premiers réacteurs nucléaires américains de type AP1000, une technologie mise au point par le groupe américain Westinghouse.

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Ces deux réacteurs, dotés d'une puissance combinée de 2.300 mégawatts (MW), seront bâtis sur le site nucléaire de Kozlodoui (nord), « le premier à horizon 2033, le second deux ou trois ans plus tard », a précisé le Premier ministre Nikolay Denkov. Le gouvernement a octroyé mercredi une tranche de 500 millions de leva (250 millions d'euros) pour débuter le projet.

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La centrale dispose actuellement de deux unités russes, les numéros 5 et 6, de type VVER avec une capacité de 1.000 mégawatts chacun. Ils ont une licence jusqu'en 2027 et 2029, reconductible, et fournissent plus d'un tiers de l'énergie du pays. Les quatre réacteurs les plus anciens ont été fermés avant l'adhésion de la Bulgarie à l'UE en 2007 pour des raisons de sécurité.

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Diminuer sa dépendance énergétique à la Russie

Ces nouveaux réacteurs visent à remplacer les centrales à charbon qui doivent fermer d'ici à 2038, selon les engagements pris par Sofia sous la pression de Bruxelles pour se désengager de cette industrie polluante. Mais ce projet vise surtout à diminuer la dépendance quasi-totale de la Bulgarie à la Russie en matière d'énergie. En réponse à la dégradation des relations entre les Vingt-Sept et Moscou, la Bulgarie a accéléré ces derniers mois sa stratégie de diversification des ressources. Dans cette optique, fin 2022, la Bulgarie avait déjà signé un contrat de dix ans avec Westinghouse pour approvisionner en combustible sa centrale nucléaire de Kozlodouy et remplacer la Russie qui alimentait jusqu'alors les deux réacteurs VVER de la centrale.

Sofia a aussi mis en place mi-octobre une taxe exceptionnelle sur le gaz russe passant sur son territoire pour rejoindre la Hongrie et la Serbie, au grand dam de ces deux pays. Cette mesure vise à « réduire les profits » du géant russe Gazprom, « et donc l'argent entrant dans les caisses du Kremlin pour financer la guerre en Ukraine », selon le gouvernement. La Bulgarie n'importe plus de gaz russe pour sa propre consommation mais demeure une plaque tournante pour son acheminement via le gazoduc Turkstream. Cette infrastructure avait été prolongée début 2021 sur son territoire, afin de fournir du gaz russe à l'Europe centrale en contournant l'Ukraine.

Westinghouse l'a emporté en Pologne

Avant Sofia, c'est Varsovie qui avait annoncé en novembre dernier, s'associer avec Westinghouse pour l'accompagner dans son tout premier programme nucléaire, préférant l'Américain à EDF et au coréen Korea Hydro & Nuclear Power. Au total, six AP1000, le réacteur de troisième génération de Westinghouse, seront construits dans ce pays qui tire actuellement 88% de son énergie du fossile, dont 40% du charbon.

Une première centrale, dont la construction doit débuter en 2026 pour être mise en service dans le nord du pays d'ici à dix ans, et devrait coûter 100 milliards de zlotys (21,7 milliards d'euros). La Pologne prévoit actuellement d'accueillir à terme trois sites nucléaires de trois réacteurs chacun, avec une puissance maximale globale de 15 GW, ce qui représenterait environ 30% du mix énergétique du pays. Là encore, ces projets visent à diminuer la dépendance énergétique du pays européen à son voisin russe.

« Nous ne pouvons pas risquer la stabilité du système énergétique, la stabilité de toute notre économie, en nous basant sur des sources d'énergie instables. La seule source d'énergie propre et stable dont la sécurité a été vérifiée est l'énergie nucléaire », avait alors déclaré Mateusz Morawiecki.

(Avec AFP)